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Le ministère de la Culture lance, en partenariat avec Sciences Po et l’association Les Déterminés, un programme inédit de formation et de mentorat pour 101 jeunes de 25 à 40 ans dans les métiers de la culture. Début du dispositif en septembre 2024.
Ils seront à la rentrée prochaine 101, soit un par département métropolitain et d’outre-mer. Ces 101 jeunes âgés de 25 à 40 ans seront choisis pour intégrer le dispositif « La Relève », mis en place par le ministère de la Culture avec un objectif : diversifier le vivier des nominations dans la culture. « Nous avons mis l’accent sur les métiers à travers plusieurs chantiers comme le soutien à la formation, le plan en faveur des métiers d’art ou encore les écoles d’enseignement supérieur artistique. Ce travail a porté ses fruits et nous avons pu renouveler le vivier de talents artistiques, explique le 6 décembre la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak. En revanche, nous nous sommes rendus compte que ce n’était pas le même équilibre dans les dirigeants et dirigeantes à la tête des établissements labellisés par le ministère. Or, la politique de nomination est cruciale pour un ministère. »Pour pallier à ce manque de profils d’ici les dix ou vingt prochaines années, « La Relève » veut représenter la France culturelle de demain avec 101 visages qui symbolisent la diversité « dans tous les sens du terme c’est-à-dire sociale ou géographique avec par exemple des personnes ayant grandi en milieu rural », poursuit la ministre. Ils seront issus de parcours diversifiés, en études ou non, avec des professions différentes que ce soit dans des institutions culturelles ou ailleurs, mais tous auront en commun la passion et un minimum d’appétence pour la culture.
Un jeune par département repéré par Les Déterminés
Rima Abdul Malak, Moussa Camara, président-fondateur des Déterminés et Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la Fondation nationale des sciences politiques.c
L’entrée dans ce dispositif ne se fera pas par un appel à candidature mais par un repérage, sur proposition. Pour cette phase de recherche, le ministère a fait appel à un acteur bien ancré dans tous les territoires : l’association Les Déterminés. Elle devra repérer des jeunes susceptibles d’entrer dans le dispositif et les préparer à intégrer « La Relève ». « Nous allons identifier tous ces talents qui se trouvent actuellement dans les angles morts des dispositifs qui ne sont pas informés des opportunités qui existent pour eux et qui n’osent pas franchir certaines portes, résume Moussa Camara, président-fondateur des Déterminés. Nous sommes là pour qu’aucun lieu ne soit ouvert à certains mais fermés à d’autres. » L’association veut constituer dans un premier temps un vivier de « trois cents à cinq cents jeunes » pour un choix final le plus pertinent possible.Une formation dispensée par Sciences Po
Une fois ces 101 jeunes choisis, au printemps prochain, ils bénéficieront dès la rentrée 2024 d’une formation continue dispensée par Sciences Po de près de trois cents heures de cours sur 18 mois en présentiel et à distance, entrecoupée d’immersions professionnelles. L’établissement parisien est déjà engagé dans le domaine de l’égalité des chances avec le dispositif Conventions Éducation Prioritaire créé en 2001 qui a permis d’accueillir depuis plus de deux mille étudiantes et étudiants. « La Relève répond à ce que nous souhaitions : franchir une nouvelle étape et accompagner ces jeunes pendant presque deux ans afin de leur donner la confiance et les compétences pour occuper des postes à responsabilités variées, résume Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la Fondation nationale des sciences politiques. La culture a toujours eu sa place à Sciences Po et l’école forme les acteurs du monde culturel dans des métiers différents : production, programmation, direction d’établissement… » Au terme de la formation, les jeunes obtiendront un certificat diplômant.
Un mentorat par un professionnel de la culture
L’originalité de La Relève réside enfin dans le dernier volet du programme : le mentorat personnalisé. Chaque jeune sera en binôme avec un professionnel de la culture désireux de transmettre son savoir-faire et sa vision de son métier. Là encore les profils s’annoncent variés, comme celui de Rémi Sabau, à la tête du Nouveau Relax à Chaumont (Haute-Marne) qui, après des études de théâtre, a eu envie, vers l’âge de trente ans, de « porter [ses] valeurs. Mais je me suis pris quelques vents car on me disait que j’étais trop jeune ! », lance-t-il. Après avoir été directeur adjoint d’une médiathèque, il a accédé à ses nouvelles fonctions l’an dernier. « Être mentor va me permettre de pouvoir transmettre ce que j’ai reçu et d’avoir des retours sur ma pratique professionnelle, de pouvoir toujours douter. »
Fondatrice et directrice de la Maîtrise populaire de l’Opéra-Comique, Sarah Koné cumule avec sa fonction de directrice déléguée auprès de la direction générale de la Philharmonie de Paris. « Les rencontres sont comme des guides et des accélérateurs de carrière. Je me réjouis de rendre la chance dont j’ai eu la chance de bénéficier auparavant. » Enfin Francesca Poloniato, directrice du Zef, scène nationale de Marseille, veut, à travers cette expérience, « reposer la question du recrutement. En tant que femme qui n’avait jamais été dirigeante, je ne me sentais pas légitime mais j’ai eu la chance d’être bien accompagnée pour avoir ce poste ». Cette première – et a priori unique – promotion de « La Relève » se poursuivra jusqu’en 2026 et même au-delà, avec un soutien à l’insertion professionnelle et un accompagnement personnalisé à la prise de poste.